une l'embaumeur

#RLN2017 – L’embaumeur – Isabelle Duquesnoy

Image de couverture de l’article : détail de L’intérieur d’une cuisine de Martin Drölling

Titre : L’embaumeur ou l’odieuse confession de Victor Renard
Saga
: Tome unique
Auteur : Isabelle Duquesnoy
Editions : La Martinière
Genres : Historique, XVIIIème siècle

 

Résumé : « Pute borgnesse ! » Victor Renard n’eut jamais de chance avec les femmes. À commencer par sa mère, l’épouvantable Pâqueline, qui lui reprochait d’être venu au monde en étranglant son frère jumeau de son cordon ombilical. Puis ce fut Angélique, la prostituée, qui se moquait des déclarations enflammées de Victor et de sa difformité, comme de sa « demi-molle ». Victor échappe pourtant à sa condition misérable : il devient embaumeur. Avec les cadavres, au moins, le voilà reconnu. Et en ces temps troublés, quelle meilleure situation ? Les morts, après la Révolution, ne manquent pas dans Paris… Mais le sort le rattrape et l’épingle, comme le papillon sur l’étaloir. Face à ses juges et à la menace de la guillotine, Victor révèle tout : ses penchants amoureux, les pratiques millénaires de la médecine des morts, le commerce des organes et les secrets de sa fortune.

Mon avis
Et voilà qui clôt ma Rentrée Littéraire du Net 2017 (#RLN2017) ! Pour en parler brièvement, je suis particulièrement heureuse d’y avoir participé puisque je termine cette RLN2017 avec 3 bonnes lectures à côté desquelles je serai probablement passée normalement.

Parlons du livre maintenant. L’intégralité du récit est le témoignage qu’offre Victor Renard à ses juges. Il est convaincu d’être condamné à la guillotine ou à la pendaison mais souhaite apporter un témoignage sur son parcours et sur ses actes devant la Cour.

Dès le départ, Victor mentionne le fait que tout le monde dans la salle d’audience le considère comme un monstre pour le crime qu’il a commis. Mais, en tant que lecteur, on ignore jusqu’à la fin du roman la raison précise de son jugement ; on tombe plutôt sous le charme d’un jeune homme calme, intelligent, mal aimé et maltraité par ses deux parents.

Dans son témoignage et toujours avec humour, il n’omet aucun détail sur la mort de son frère jumeau étranglé à la naissance par son cordon ombilical, la mort de son père, le manque de tout, la vie avec son horrible mère, ses magouilles de jeune homme et sur l’homme qui lui a tendu la main : Monsieur Joulia, l’embaumeur qui va en faire son apprenti. En plus du personnage attachant qu’est Victor, on rencontre des personnages secondaires tout aussi intéressants : sa mère particulièrement odieuse, ses fidèles amis, son oncle, les femmes qui croiseront son chemin ainsi que l’embaumeur.

A chaque nouvelle anecdote que nous livre Victor Renard, on reconsidère les prédictions qu’on a faites sur la raison de sa présence devant les tribunaux. On envisage la suite mais on est toujours détrompé par Isabelle Duquesnoy. Avant de lire ce livre je m’imaginais les pires crimes et un traitement sordide des victimes sur la table d’embaumement. Au contraire, Victor et Monsieur Joulia ont le goût de leur travail et le respect des cadavres qui leur sont confiés. Cela n’empêche pas la présence d’une ou deux scènes un peu crades lors de récits d’embaumement de corps particulièrement abîmés mais dans l’ensemble c’est très supportable.

Egalement, Victor est initié par son maître au trafic d’organes des membres de la famille royale qui avaient largement cours chez tous les embaumeurs en ce temps-là. Le but étant de revendre ces mumies à des peintres qui en faisaient des pigments remarquables pour leurs toiles. Je suis un peu partagée sur ce point puisque que j’aurais souhaité en apprendre un peu plus sur cette pratique avérée dont j’ignorais tout mais que j’ai trouvé ces passages assez glauques dans le même temps.

Si je peux me permettre un deuxième petit bémol dans la même veine que ma remarque précédente, j’aurais aimé en voir un peu plus du Paris des années 1790. Hormis la mention de la famille royale décapitée, on en apprend peu sur les événements de la Révolution Française et j’aurais aimé avoir un aperçu plus complet sur les événements agités de la période.

Quoiqu’il en soit, je garde est un très bon souvenir de cette lecture. J’ai été touchée par le personnage de Victor qui a fait ce qu’il a pu dans un milieu difficile et qui est un excellent narrateur. En suivant la progression de sa vie, on a envie de lui pardonner tous ses écarts y compris celui qui le mènera devant le bourreau. J’ai été intéressée par l’aspect historique du récit : les détails sur les techniques d’embaumement, les mumies et le contexte historique même si j’aurais apprécié que ces aspects soient un peu plus fouillés.

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